La carrière du peintre Jean Siméon Chardin (1699-1779), bien qu’exclusivement parisienne, fut brillante au point que ce spécialiste de natures mortes et scènes de genre devint l’un des artistes européens les plus célèbres du XVIIIe siècle.
Il fut reçu à l’unanimité par l’Académie Royale de peinture et de sculpture « dans le talent des animaux et des fruits » dès sa première présentation en 1728. Son premier chef d’œuvre, La Raie (1728, musée du Louvre), fit d’emblée sensation. Par la suite, l’artiste s’imposa également comme un portraitiste particulièrement délicat (L’Enfant au toton, 1738, musée du Louvre) et un peintre de scène de genre d’une remarquable subtilité (Le Bénédicité et La Mère laborieuse, 1740, les deux tableaux, conservés au musée du Louvre, ont été offerts par l’artiste au roi Louis XV).
À partir des années 1750, Chardin se consacra principalement au genre de la nature morte qu’il aborda d’une manière renouvelée. Il produisit alors des compositions plus dépouillées mais ordonnées toutefois selon les principes d’une esthétique du « beau désordre » dont se distingue le Panier de fraises. La critique de l’époque, et Denis Diderot en particulier, loua l’apparente simplicité de ces compositions où le peintre parvenait toutefois à suggérer l’illusion de la réalité comme par « magie ». Chardin attint alors au faîte de sa carrière et jouit d’une reconnaissance à l’échelle de toute l’Europe, depuis les principautés allemandes jusqu’à la Russie de Catherine II. Au cours des années 1760, il répondit encore à de prestigieuses commandes royales en peignant d’ambitieuses natures mortes pour les décors des châteaux de Choisy (1765, dont Les Attributs des arts, musée du Louvre) et de Bellevue (1767, dont Les Instruments de la musique civile, musée du Louvre). Au cours de sa dernière décennie, il peignit au pastel ses ultimes chefs d’œuvre dont d’émouvants autoportraits.
